Si le registre fossile des lézards est assez bon pour l’Eocène moyen et supérieur en Europe, il n’en va pas de même pour l’Eocène inférieur. Seule la localité de Dormaal, datant de l’Eocène basal (niveau-repère MP7,Belgique) semble faire exception. Parmi les nombreux fossiles de lézards de cette localité, nous présentons ici pour la première fois quelques rares éléments appartenant à un gecko. Ce dernier vivait donc dans nos régions durant le Maximum Thermique Paléocène-Eocène (PETM), climat le plus chaud des 66 derniers millions d’années. Ce nouveau taxon, daté de 56 Ma, est le plus ancien gecko cénozoïque connu en Europe. Avec Laonogekko lefevrei de Prémontré (MP 10, Bassin de Paris), plus jeune d’environ 5 millions d’années, ces taxons forment la radiation du Paléogène inférieur de ce clade. Aujourd’hui, les geckos sont répartis dans le monde entier, principalement dans les zones tempérées chaudes à tropicales, bien que certaines espèces puissent atteindre des régions plus froides dans les hémisphères Nord et Sud. Le nouveau gecko de Dormaal représente un élément thermophile, confirmant les préférences thermiques actuelles des geckos. Par ailleurs, la distribution de ce groupe dans des latitudes aussi septentrionales (au-dessus de 50° Nord) n’est pas surprenante durant cette période particulièrement chaude. Bien que le nouveau taxon décrit ici ne soit représenté que par un frontal et des dentaires (deux des éléments les plus fréquemment préservés chez les geckos fossiles), il fournit un nouveau record de diversité des squamates à la base de l’Eocène. Avec Yantarogekko de l’ambre éocène de la Baltique (district de Kaliningrad, nord-ouest de la Russie), ces geckos documentent la distribution septentrionale des geckos en Europe pendant l’Éocène.
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RBINS Staff Publications 2022 OA
Avec plus d’un an de retard suite à la crise COVID (Anthropocène supérieur), nous présentons ici un squelette partiel d’un hibou fossile de grande taille qui entretemps a déjà été publié (Mayr et al., 2020). Ce retard n’est toutefois pas réellement préjudiciable étant donné que le spécimen a été découvert il y a déjà plus de 30 ans dans les couches du Wasatchien moyen (Wa-3) de la Formation de Willwood à McCullough Peaks, au Wyoming (USA), permettant ainsi de le dater entre 54,5 et 55,0 Ma (début de l’Eocène inférieur). Le spécimen inclut la majorité des os postcraniens d’un des strigiformes fossiles les plus complets du Paléogène. Primoptynx poliotaurus mesurait environ 50 centimètres de long, taille comparable à Hedwig, le harfang des neiges de Harry Potter, et appartient à un groupe de hiboux proche de la famille éteinte des Protostrigidae, bien que ne partageant pas avec ces derniers la morphologie dérivée du tibiotarse. Les pattes de Primoptynx sont différentes de celles des strigidés actuels (hiboux et chouettes). Les hiboux ont aujourd'hui quatre doigts avec des griffes de même taille pour attraper des proies relativement petites, et les tuer avec le bec. Primoptynx a les premier et second doigts plus longs, comme on le voit chez les éperviers, buses, aigles et autres membres de la famille des Accipitridae. Ces deux doigts plus développés sont utilisés pour épingler les proies, qui sont dès lors percées par les serres. Primoptynx était donc un hibou qui chassait comme un aigle, des mammifères de taille moyenne. Ce fossile montre, avec d’autres découvertes, que durant l’Eocène inférieur il y avait déjà une certaine diversité de strigiformes, de différentes tailles, qui occupaient diverses niches écologiques. Le succès des hiboux allait de pair avec celui des mammifères, devenus très diversifiés à l’Eocène inférieur. L'extinction ultérieure de Primoptynx et d'autres proto-hiboux pourrait être due à l'émergence d'oiseaux de proie diurnes à l'Éocène supérieur. Financements Cette étude a été menée dans le cadre du projet BR/121/A3/PalEurAfrica, financé par la Politique Scientifique Fédérale Belge. Références Mayr G., Gingerich P.D. & Smith T., 2020. Skeleton of a new owl from the early Eocene of North America (Aves, Strigiformes) with an accipitrid-like foot morphology. Journal of Vertebrate Paleontology, 40(2):e1769116. https://doi.org/10.1080/02724634.2020.1769116.
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RBINS Staff Publications 2021