Pour rappel, une évaluation dans le cadre de l'extension de la zone d'activités économiques East Belgium Park avait révélé, en 2011, une occupation antique s'étendant sur 7.000 m². Elle jouxte l'habitat germanique de Nereth 1 mis au jour en 2003 lors de l'opération TGV (Hanut et al., 2012). Les campagnes de fouilles menéesen 2013 et 2014 (Fock et al., 2014b) ont permis d'en investiguer 2.700 m² et de recouper 455 faits archéologiques appartenant à deux occupations successives (Fock et al., 2015). Localisé dans l'arrière-pays du plateau de Herve, le site de Nereth 2 occupe le versant nord de la vallée du ruisseau de Baelen, un affluent de la Vesdre. Actuellement canalisé et enterré à proximité du site archéologique, ce ruisseau devait prendre source en contrebas de la route reliant Eupen à Welkenraedt, au sein d'une tête de vallon peu marquée. Il longeait ensuite le chemin de Nereth dans un talweg dont la largeur varie entre 10 et 100 m. Le vallon est traversé par une faille mettant en contact discordant des terrains détritiques et carbonatés (Synclinorium de Verviers, Massif de la Vesdre), ce qui crée un contexte géologique propice à la formation de minéralisations métalliques. Bien qu'aucune trace d'extraction d'époque romaine n'ait pu être détectée jusqu'à présent, ce contexte semble être à l'origine de la première occupation du versant par un atelier de réduction de minerai de fer. Il est contemporain (milieu 2e-milieu 3e siècle) de l'atelier de Horren situé sur le versant opposé (Fock et al., 2014a ; F. Hanut, comm. pers.) et de celui de Corbusch, implanté 1.300 m à l'ouest (Bosquet et al., 2004). Sur le site de Nereth, les traces liées à la sidérurgie s'étendent actuellement sur plus de 1.500 m². Cinq aires de travail ont pu être localisées sur le versant, dont apparemment une seule était dotée d'une couverture permanente. Mais l'essentiel de l'activité se concentrait le long du ruisseau, en bordure de la zone inondable : 2 aires de chauffe et 17 vestiges de bas fourneaux protégés par des abris ont été mis au jour jusqu'à présent, à l'extrémité méridionale du décapage (fig. 31 : 1-6). Comme la fouille de ce secteur, entamée au mois d'octobre 2014, a dû se cantonner à la surface protégée par un chapiteau, une des aires de réduction (fig. 31 : 5-6) n'a pu être relevée complètement et, par conséquent, n'a pas encore été fouillée. Toutefois, les reconstructions continuelles des fours, les réaménagements des superstructures et les rejets de poussières de minerai grillé et de charbon de bois s'étalant sur plus de 45 m² en aval désignent le secteur comme un espace d'activité permanente. Le corpus des bas fourneaux révèle des variations et évolutions techniques affectant leur mode de construction (cuves creusées dans le substrat, lutées ou aménagées dans un remblai de blocs argileux blanchâtres), leur orientation, le plan et la dimension de leur cuve et le type de ventilation. Quant au minerai de fer réduit sur place, sa provenance reste à ce jour indéterminée. En effet, les vastes creusements repérés au nord de l'occupation et interprétés d'abord comme des traces d'extraction de minerai de fer correspondent en fait à une exploitation ciblant les couches d'altérite du substrat dolomitique : argiles litées et sable dolomitique (É. Goemaere, comm. pers.). Leur usage éventuel dans le cadre de la sidérurgie, comme matériau de construction des bas fourneaux pour l'un, et comme fondant pour l'autre, ne pourra être envisagé qu'après investigation archéométrique. Mise à part l'extraction du minerai, tous les autres maillons de la chaîne opératoire de la réduction ont pu être documentés : aires de chauffe du minerai, aire de concassage, zones de stockage et de déchets et un bas foyer utilisé pour l'épuration des masses de fer brutes. Il faudra attendre l'analyse des déchets prélevés pour savoir si la post-réduction s'étendait à un travail de forge, comme le suggèrent quelques scories en forme de calottes. Bibliographie Bosquet D., Mathieu S. & Collette O., 2004. Baelen/Baelen : atelier de métallurgistes gallo-romains au lieu-dit « Corbusch », Chronique de l'Archéologie wallonne, 12, p. 104-107. Fock H., de Bernardy de Sigoyer S., Henrard D. & Collette O., 2014a. Baelen/Baelen : artisanat paléométallurgique à « Horren », Chronique de l'Archéologie wallonne, 21, p. 160-163. Fock H., de Bernardy de Sigoyer S., Henrard D. & Collette O., 2014b. Baelen/Baelen : atelier paléométallurgique et établissement rural sur le site de Nereth 2, Chronique de l'Archéologie wallonne, 22, p. 168-171. Fock H., de Bernardy de Sigoyer S., Henrard D. & Collette O., 2015. Établissement rural du Bas-Empire à Nereth 2 (Baelen). Campagnes de fouille 2013-2014. In : Frébutte C. (coord.), Pré-actes des Journées d'Archéologie en Wallonie, Rochefort 2015, Namur, Service public de Wallonie (Rapports, Archéologie, 1), p. 65-66. Hanut F., Goffioul C. & Goemaere É., 2012. L'établissement germanique du Bas-Empire à Baelen/Nereth, province de Liège (Belgique). In : Annaert R.,Jacobs T., In't Ven I. & Coppens S. (éd.), The very beginning of Europe ? Cultural and Social Dimensions of Early-Medieval Migration and colonisation (5th-8th century). Archeaology in Contemporary Europe. Conference Brussels – May 17-19 2011, Brussels (Relicta Monografieën, 7), p. 243-253.
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RBINS Staff Publications
Le 8 août 1956, la catastrophe minière la plus meurtrière de Belgique se produisit au charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle : 262 mineurs de nationalités diverses (belge, italienne, allemande, algérienne, grecque, …) périrent à la suite d’une erreur humaine. Tous furent identifiés à l’exception de 17 d’entre eux. En octobre 2021, à la demande d’un descendant des victimes non identifiées, la Cellule d’Identification des Victimes de Catastrophes de la Police Fédérale a lancé une grande opération afin d’exhumer les restes des inconnus et de procéder à leur identification. Les analyses ont été réalisées par une équipe composée d’experts en pathologie médico-légale, en odontologie, en anthropologie, en archéologie et en ADN. Nous présentons ici les résultats de l’analyse anthropologique. Après l’inventaire des restes, le profil biologique de chaque individu a été reconstitué. La DSP a été utilisée pour déterminer le sexe et sept méthodes différentes ont été appliquées pour estimer l’âge au décès, y compris la cémentochronologie. La stature a été estimée à l’aide des équations de Raxter et d’Oliver, tandis que l’origine bio-géographique a été évaluée avec AncesTrees. La confrontation des registres ante-mortem (stature, âge, pathologies et particularités physiques) avec les données post-mortem nous a permis de proposer une identification pour huit individus. Quatre d’entre elles ont été confirmées par l’ADN. Au-delà de l’identification permettant de mener à bien ce devoir de mémoire envers les familles des victimes, cette mission nous a donné l’opportunité d’enregistrer des données précieuses pour d’autres domaines de recherche comme les traumatismes péri-mortem et les marqueurs d’activité résultant des pénibles conditions de travail des mineurs de fond.
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RBINS Staff Publications 2024
La compréhension progressive des différents réchauffements climatiques intenses du Paléogène inférieur (PETM, ETM-2, EECO…) a créé un intérêt évident pour une stratigraphie de plus en plus fine des bassins sédimentaires qui ont enregistrés ces événements. Ces derniers, identifiés sur base géochimique, demandent à être corrélés avec les événements biologiques qui en découlent et qui ont été, eux aussi, enregistrés dans ces bassins. Dans ce cadre, les bassins parisien, de Londres et de Belgique, formant le sud du Bassin de la Mer du Nord, représentent des modèles de choix pour la communauté géoscientifique de par leur reconnaissance historique et les étages internationaux Lutétien, Yprésien et Thanétien qu’ils ont respectivement permis de définir. Si les connaissances sur les dépôts marins ont fait d’énormes progrès notamment grâce aux études micropaléontologiques détaillées, qu’en est-il aujourd’hui des dépôts continentaux souvent délaissés par leur complexité à être interprétés? Vingt-cinq ans d’expertise en biochronologie mammalienne de notre équipe bruxelloise et de ses collaborateurs sont ici survolés, mettant en exergue l’utilité des mammifères en stratigraphie et paléogéographie. L’exposé porte tant sur des taxons marqueurs que des faunes entières issues de sites historiques ou nouveaux du Bassin parisien et de son complémentaire le bassin belge (Hainin, Maret, Rivecourt, Dormaal, Erquelinnes, Meudon, Sotteville-sur-Mer, Egem, Oosterzele…). Ainsi, des niveaux de référence de l’échelle biochronologique européenne des mammifères du Paléogène (MP) sont précisés, de nouveaux âges à mammifères européens sont identifiés et la stratigraphie tant à l’échelle locale que nord-ouest européenne est affinée. Malgré tout le travail accompli, les questions sont nombreuses et beaucoup reste à faire tant l’étude des faunes de mammifères est incomplète!
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RBINS Staff Publications 2021