La Formation de Cambay exposée jusqu’en 2013 dans la mine de lignite de Vastan, dans le Gujarat (ouest de l’Inde), a fourni une riche faune herpétologique de l’Eocène inférieur. En effet, cette faune a livré une vingtaine d’espèces d’amphibiens, lézards et serpents pour un total de plusieurs centaines de spécimens. Les anoures sont représentés par le plus ancien bombinatoridé connu, Eobarbourula delfinoi ; un grand pélobate non fouisseur, Eopelobates sp. ; un ranidé abondant et un rhacophoridé présumé, Indorana prasadi. Curieusement, aucun reste d’urodèle n’a été retrouvé. Parmi les lézards, seuls des acrodontes sont représentés : le priscagamidé Heterodontagama borsukae et les agamidés Suratagama neeraae, Vastanagama susanae, Indiagama gujarata et Tinosaurus indicus. Etrangement, les autres familles de lézards pourtant présentes dès le début de l’Eocène inférieur sur la majorité des autres continents sont absentes à Vastan. Cette abondance des agames et l’absence des autres groupes semblent en faveur de l’hypothèse du « Out of India » pour les agames. Les serpents, quant à eux, sont représentés par un madtsoiidé, des paléophiidés (serpents aquatiques) Palaeophis sp. et Pterosphenus sp., un boïdé et de nombreux cénophidiens. Parmi ces derniers se trouvent trois colubroïdes dont Russellophis crassus et Procerophis sahnii ainsi que trois Caenophidia incertae sedis dont l’espèce Thaumastophis missiaeni. La composition faunique des serpents de Vastan est assez similaire à celle décrite en Europe. Toutefois, le nombre important de serpents de type moderne (Caenophidia) est étonnant pour l’Eocène inférieur. Ceci suggère que l’Inde a pu jouer un rôle important dans l’origine et l’histoire évolutive de ce groupe. En conclusion, l’herpétofaune de Vastan est diversifiée et relativement similaire à celle connue d’Europe mais l’absence de certains groupes importants lui confère des particularités propres qui pourraient être dues au fait que le sous-continent indien n’est pas encore entré en contact terrestre continu avec l’Asie à l’Eocène inférieur. Le sens des échanges fauniques reste toutefois à déterminer.
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Depuis près de 10 ans, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) s’équipe d’outils divers et variés pour numériser et valoriser ses 38 millions de spécimens : système de photostaking, microscope électronique à balayage, photogrammétrie en lumière structurée, micro- et nano-CT scanners et plus récemment scanner surfacique mobile. En Paléontologie, troisième plus grande collection sur les six que compte l’IRSNB, la priorité est pour l’instant donnée aux spécimens dits “Types et Figurés”. Avec plus de 40.000 spécimens types et figurés sur plus de 3 millions dans les collections générales, il y a déjà du pain sur la planche. Dans ce cadre, la plateforme numérique maison « Open Source » nommée Virtual Collections « virtualcollections.naturalsciences.be » permet l’accès aux images et aux modèles tridimensionnels de ces spécimens de référence. C’est alors que se posent les questions de la pérennité et de la propriété des images. Les images réalisées à l’IRSNB ne posent pas de problèmes car elles sont protégées par une licence CC BY NC ND et sont conservées sur une plateforme de la Politique scientifique fédérale (BELSPO = ministère belge des affaires scientifiques) afin de pérenniser l’accès aux collections numériques. En revanche, qu’en est-il des images réalisées par d’autres institutions et déposées sur des plateformes externes telles que Morphosource, Digimorph, MorphoMuseuM, pour ne citer que les plus connues? Ces images et modèles des spécimens de l’IRSNB sont-ils également protégés, notamment contre des pratiques commerciales et qui sont les réels détenteurs des droits à l’image? Nous décrivons ici les divers cas de figures et tentons de répondre à ces questions qui taraudent de plus en plus les grands musées de histoires naturelles.
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