L’archéo-anthropologie a le plus souvent investi l’archéologie des conflits par le biais des sépultures multiples, mais d’autres aspects, en particulier celui de la gestion des blessés à l’issue de batailles, peuvent également être documentés. Les fouilles menées par le collectif Waterloo Uncovered, qui lie recherche scientifique et œuvre sociale à destination de vétérans souffrant de stress post-traumatique, explorent depuis quelques années le champ de bataille de Waterloo, notamment les abords de la ferme Mont-Saint-Jean. Cet établissement a servi d’ambulance, c’est-à-dire d’hôpital militaire à la coalition alliée, et plus de 6000 soldats y furent opérés pendant 4 jours en juin 1815. Les investigations ont révélé une fosse contenant des membres humains amputés, correspondant à des jambes ou des bras et à plusieurs types de blessure et niveaux d’amputation. Ces restes humains étaient mêlés à de petites boîtes de munitions et à trois squelettes d’équidés déjà morts ou achevés sur place. Enfin, un squelette humain complet, de sexe masculin et âgé entre 20 et 39 ans, a été mis au jour. L’individu présente une large fracture circulaire témoignant d’un traumatisme crânien provoqué par un objet contondant sur le côté supéro-droit de la tête. Sa présence invite à s’interroger sur les considérations qui ont motivé un tel traitement du cadavre dans une fosse que l’on peut qualifier de dépotoir, alors que les victimes de la bataille ont été regroupées dans des sépultures multiples ou individuelles. L’ensemble de ces vestiges nous permettent d’aborder des questions liées à la médecine de guerre et à la gestion des hôpitaux de campagne à l’époque napoléonienne. Pour résumer, notre communication se propose d’exposer les résultats préliminaires des fouilles à la ferme Mont-Saint-Jean, de présenter le projet de recherche interdisciplinaire qui s’est constitué autour de ces découvertes, et de synthétiser les découvertes de restes humains sur le champ de bataille de Waterloo.
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