L’étrange animal a été recensé pour la première fois en 1986 sur base d’une dent retrouvée, au bord de la rivière Barbat, non loin du village de Pui, au pied du massif des Retezat, dans le sud des Carpates. Ne pouvant l’identifier précisément, les découvreurs le baptisèrent Barbatodon transylvanicus et le classèrent au sein des mammifères multituberculés, tout en reconnaissant l’étrange et primitive morphologie de sa molaire présumée supérieure et composée de deux simples rangées de respectivement trois et quatre cuspides pyramidales. Ce n’est qu’en 2004 que deux dentaires associés et une molaire supérieure de Barbatodon furent exhumés de la même localité, permettant de montrer que la molaire-holotype n’appartenait pas à la rangée dentaire supérieure mais inférieure. Ceci permit de mettre fin à 20 ans de discussion et de ranger « la bête » au sein de la tout aussi étrange famille des Kogaionidae, l’une des rares à survivre à l’extinction de masse Crétacé-Paléogène en Europe. L’intrigue est à son comble depuis 2010 avec l’avancée fulgurante des connaissances faites sur les diverses créatures qui côtoyèrent Barbatodon sur l’île de Haţeg, où de nombreux cas de nanisme, gigantisme et autres formes aberrantes témoignent de « l’effet insulaire ». Aujourd’hui, après des années de recherches tourmentées, nous levons le voile sur l’étrange monsieur Barbatodon grâce à la découverte d’un crâne partiel et dentaires associés issu également de la localité de Pui. L’excellente préservation du spécimen nous permet enfin de révéler la dentition complète et impressionnante d’un kogaionidé et de démontrer que Monsieur Barbatodon présente une mosaïque de caractères primitifs et dérivés et qu’il se situe dans une position basale au sein des Cimolodonta. Mais même ses incisives aux allures de rongeur et ses énormes prémolaires en forme de disque ne sont que roupie de sansonnet à côté de la couleur rouge de ces dents. L’analyse spectrométrique dispersive en énergie (EDS) indique la présence de quantité importante de pigments de fer dans l’émail de l’animal préhistorique. Cette curiosité de la nature n’est connue que chez les musaraignes soricinés et de nombreuses familles de rongeurs actuels, où elle est sensée augmenter la résistance de l’émail à l’abrasion durant la mastication. Monsieur Barbatodon appartiendrait donc à une lignée primitive qui a persisté jusqu’à l’aube du Cénozoïque et qui aurait eu un régime alimentaire particulièrement coriace sur son île perdue au milieu de l’archipel européen.
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À Villers-le-Bouillet, au lieu-dit “Lohincou”, la fouille exhaustive d’un site du Haut Moyen Âge a livré les vestiges traditionnellement associés aux occupations rurales de cette période (fosses, fossés, empreintes de poteaux, cabanes excavées, structures de combustion), ainsi qu’un groupe funéraire d’au moins 22 individus (Henrard et al., 2010 et Henrard, 2011). Le site est occupé entre le 7e siècle et la première moitié du 11e siècle au plus tard. L’analyse spatiale des vestiges n’offre que peu de clefs de lecture permettant d’appréhender son organisation interne, ainsi que son évolution par phases archéologiques significatives (Henrard et De Longueville, 2014). Des prélèvements sédimentaires destinés aux études bioarchéologiques ont pu être effectués. Le corpus archéozoologique, peu fourni, nous donne une image restreinte des animaux élevés et exploités sur le site durant son occupation. En revanche, les résultats carpologiques et palynologiques, plus nombreux, permettent d’appréhender certaines pratiques agricoles (Preiss et Court-Picon, 2015). Ils nous aident également à caractériser plus précisément des infrastructures agricoles que l’archéologie peine encore à identifier par elle-même, en particulier les structures liées au traitement des récoltes de céréales. Alors que peu de données sont encore disponibles en Wallonie pour cette période, l’étude interdisciplinaire de Villers-le-Bouillet “Lohincou” fournit d’intéressantes perspectives pour les recherches futures (Henrard et al., à paraître). HENRARD D., MARCHAL J.-P., MALEVEZ A. ET YERNAUX G., 2010. Villers-le-Bouillet/Fize-Fontaine : l’occupation du haut Moyen Âge de « Lohincou ». Deuxième campagne de fouilles, dans Chronique de l’Archéologie wallonne, 17, 2010, p. 118-122. HENRARD D., 2011. Villers-le-Bouillet/Fize-Fontaine : l’occupation du haut Moyen Âge de « Lohincou ». Troisième campagne de fouilles, dans Chronique de l’Archéologie wallonne, 18, 2011, p. 139-142. HENRARD D., DE LONGUEVILLE S., 2014. Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : occupation antique et du Haut Moyen Âge «A Lohincou ». Première approche de la périodisation de l’occupation du Haut Moyen Âge « A Lohincou », dans Chronique de l’Archéologie wallonne, 21, 2014, p. 185-191. PREISS S., COURT-PICON M., 2015. Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet : une occupation rurale du Haut Moyen Âge au lieu-dit « A Lohincou » : premiers résultats archéobotaniques. Chronique de l’Archéologie Wallonne 22, pp. 183-186. HENRARD D., DE LONGUEVILLE S., COURT-PICON M., GOFFETTE Q. ET PREISS S., à paraître. Une occupation rurale du Haut Moyen Âge au lieu-dit a Lohincou à Villers-le-Bouillet (Province de Liège), actes du colloque Herstal 2014, année Charlemagne ; Les Carolingiens dans le bassin mosan autour des palais de Herstal et Jupille.
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