Les fossiles des collections de paléontologie de l’IRSNB, tout comme ceux des autres musées d’histoire naturelle ne sont pas figés pour l’éternité et subissent des dégradations diverses depuis près de deux siècles. Ce fléau concerne généralement des spécimens fracturés par le temps et/ou suite à la dessiccation. Les différentes étapes de la restauration sont simples depuis le nettoyage et l’enlèvement des anciennes colles jusqu’au recouvrement final par des produits ayant prouvés leur efficacité comme le paraloïde B72. Ces spécimens nécessitent une consolidation plutôt simple, mais il n’en va pas de même des spécimens atteints par la dégradation de la pyrite. Si ce problème qui planait audessus des iguanodons de Bernissart a été temporairement vaincu au bout de deux ans d’efforts, la pyrite contreattaque aujourd’hui la célèbre collection Leriche. Le traitement de cette dernière est en effet un vrai problème de conservation et la restauration de la collection Leriche représente le nouveau défi pour les gestionnaires de collections. Les cristaux de pyrite (FeS2) formés dans certains vertébrés fossiles entrent en réaction chimique avec l’Oxygène de l’air ou de l’eau pour former des cristaux de sulfate de Fer qui sont de plus grande taille que la pyrite de départ. Le spécimen se fracture ou éclate alors en petits morceaux difficiles à recoller. De l’acide sulfurique peut aussi être libéré lors de la réaction chimique et abime ou détruit les étiquettes et boîtes de rangement de ces spécimens pyriteux. La plupart des spécimens de l’Oligocène inférieur de la région de Boom (Rupélien de la province d’Anvers, Belgique), sont issus d’une argile très carbonatée et riche en matière organique, ayant magnifiquement préservé l’ichtyofaune fossile (poissons osseux et élasmobranches) mais malheureusement aussi la pyrite au sein des ossements. Une fois exposés à l’air libre, l’oxydation de la pyrite passe par différentes phases dont la formation des sels de fer hydratés de différentes couleurs (blanc, rose, jaune et vert). Malgré les consolidations antérieures, on constate que les spécimens continuent à se dégrader. Nous identifions donc d’abord les anciennes techniques de préparation et les traitements de consolidation (Gomme laque ou autres) avant de traiter en profondeur les spécimens à l’aide de gaz d’ammoniaque ou de thioglycolate d’éthanolamine. Même si certains spécimens sont en apparence composés d’une pyrite plus stable que d’autres, la seule méthode sûre semble actuellement de traiter toute pyrite comme étant potentiellement dégradable. Les perspectives de nouvelles techniques en cours d’élaboration permettent de garder l’espoir pour se débarrasser de ce fléau.
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RBINS Staff Publications 2018