Parmi les dinosaures, le clade des Ornithopodes est l’un de ceux qui a rencontré le plus de succès. Apparus au Jurassique supérieur, le groupe s’est dispersé et diversifié jusqu’à sa disparition à la fin du Crétacé. Je me suis attachée à étudier le cerveau des Ornithopodes d’Europe et d’Asie, à établir des comparaisons avec les autres archosaures et de nouveaux arbres phylogénétiques incluant des caractères issus de l’endocrâne. Pour ce faire, des moulages et des reconstitutions à partir de données CT-scan ont été réalisées pour étudier la cavité endocrânienne de divers membres de ce groupe. J’ai réalisé des moulages endocrâniens en silicone de 3 taxons et les reconstructions à partir de données CT-scan de 3 autres taxons de Dinosaures Ornithopodes. Une collection unique d’endocrânes de crocodiles et d’oiseaux récents étend les possibilités de comparaison. Certains endocrânes des taxons fossiles ont confirmé les caractéristiques décrites précédemment dans la littérature, tandis que de nouveaux éléments sont apparus. Les endocrânes n’ont en effet pas seulement livré la morphologie du cerveau, mais aussi des valleculae, le détail des nerfs crâniens et de la glande pituitaire. J’ai ainsi pu étendre la présence de valleculae, qui est un indice fort en faveur d’un télencéphale développé, chez un nouvel Hadrosauroidea, alors que cela n’était connu que chez les Hadrosauridae et les membres dérivés de deux autres groupes (Theropoda et Pachycephalosauria). Le cerveau des Ornithopodes dérivés était caractérisé par des hémisphères cérébraux très larges et de forme arrondie. Les flexions crâniale et pontine sont inexistantes, à l’opposé de ce qui est observé chez les Saurischiens. Les pédoncules olfactifs étaient larges. J’ai également fourni de nouveaux exemples de l’influence de la taille de la glande pituitaire sur la taille totale de l’individu. Le cerveau des Ornithopodes a subi des changements au cours de leur évolution : le plus marquant est l’augmentation du volume des hémisphères cérébraux par rapport au reste du cerveau. J’émets l’hypothèse que cette augmentation résulte de la complexification des comportements chez les Ornithopodes. Une nouvelle phylogénie a été établie, bénéficiant de l’apport de nouveaux caractères basés sur l’endocrâne. Elle apporte des éléments de réflexion intéressants quant à la position de plusieurs taxons d’Iguanodontia basaux. La résolution est cependant faible et d’autres études devront être menées dans le futur. Les relations de parenté ne sont pas stables et de faibles changements entraînent des différences notables dans les résultats des analyses phylogénétiques.
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